Un escalier pour la VictoireEscalier Daru
Au sommet de l’escalier Daru s’élance la Victoire de Samothrace, une des plus célèbres statues conservées au musée du Louvre. Cette mise en scène spectaculaire a été longuement réfléchie pour mettre en valeur ce chef-d’œuvre de l’art grec hellénistique. Sculpture antique et architecture moderne font de cet escalier un des lieux emblématiques du musée.
La déesse de la Victoire
Elle semble flotter dans les airs ! La Victoire de Samothrace est une des rares statues grecques dont on connaisse l’emplacement d’origine avec précision. Elle a été conçue comme une offrande aux dieux pour le sanctuaire, sur l’île grecque de Samothrace. Placée en hauteur, on devait pouvoir l’apercevoir de loin. C’est ce que veut évoquer cette mise en scène en haut de l’escalier Daru. Niké, la déesse ailée de la Victoire, est saisie à l’instant où elle atterrit sur le navire.
Un escalier monumental
L’escalier Daru se prête à merveille à cette extraordinaire mise en scène. Il fait partie des six grands escaliers construits sous le Second Empire au 19e siècle par l’architecte Hector Lefuel.
Les décennies 1850-1860 marquent une époque de grands travaux d’agrandissement et de modernisation du Louvre. Le palais est alors déjà en partie un musée. L’empereur Napoléon III fait construire une nouvelle aile pour donner plus d’espace aux salles d’exposition. L’ancien escalier édifié par son oncle Napoléon Ier ne suffit plus pour desservir toutes ces galeries. De cette époque subsistent les plafonds des salles qui mènent aux collections de peintures italiennes, mais aussi le nom de Daru, un ministre de Napoléon Ier.
Hector Lefuel relève le défi de concevoir un ensemble monumental capable de desservir trois niveaux dans quatre directions différentes. Les visiteurs ont le choix !
C’est en 1883 (vingt ans après sa découverte) que la Victoire de Samothrace est installée sur le palier supérieur.
Le saviez-vous ?
Une “vedette de music-hall"
Lorsque la Victoire est installée sur le palier de l’escalier Daru en 1883, elle prend place au milieu d’un décor créé pour elle, nettement plus chargé qu’aujourd’hui. Les coupoles sont couvertes de riches mosaïques avec grand renfort de dorures. Mais cet ensemble ne remporte pas beaucoup de succès... Certains critiques comparent la déesse ailée à une “vedette de music-hall". Finalement, en 1934, ce premier décor est recouvert de papier peint imitant la pierre de taille, plus sobre.
Une découverte exceptionnelle
La célèbre Victoire porte le nom de l’île grecque de Samothrace, en mer Égée, où elle a été découverte en 1863 par Charles Champoiseau. Quelle surprise ! La statue est sublime, mais elle est brisée et incomplète. On découvre 110 fragments, mais pas la tête, ni les bras. Charles Champoiseau retourne en 1879 à Samothrace pour les retrouver, en vain. De cette seconde mission archéologique, il rapporte le socle et la proue de bateau qui servent de base à la statue. Les ailes, incomplètes, ont été restaurées, avec des ajouts en plâtre pour combler les manques, afin de retrouver l’aspect le plus conforme à l’original : la statue, restaurée à plusieurs reprises, a changé plusieurs fois de silhouette depuis sa découverte.
Une offrande aux dieux
La statue en marbre de Paros (l’un des plus beaux marbres de Grèce) représente la déesse de la Victoire qui vient se poser sur un navire vainqueur. Elle date peut-être de 190 avant notre ère et a été commandée à l’occasion d’une victoire navale. Les vainqueurs, peut-être les habitants de l’île de Rhodes, l’ont érigée à Samothrace pour remercier les Grands Dieux de l’île, les Cabires, vénérés dans tout le monde grec.
Le saviez-vous ?
Bras perdus, mais main (en partie) retrouvée
Depuis les fouilles de Champoiseau, bien des archéologues ont tenté de retrouver la tête et les bras de la Victoire. Les fouilles se succèdent, mais seule la main droite est découverte : d’abord le pouce et une partie de l’annulaire par une équipe autrichienne en 1875, puis la paume de la main et l’autre partie de l’annulaire par l’archéologue Jean Charbonneaux en 1950. Ces vestiges sont réunis dans une vitrine placée dans l’escalier. La main de 27 cm de haut a sa paume levée en signe de victoire.
Pour aller plus loin
Depuis sa découverte jusqu'à ses multiples restaurations, la Victoire de Samothrace a bien des secrets à dévoiler !
La Victoire de Samothrace
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Les Odyssées du Louvre : la découverte de la Victoire de Samothrace
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