Un jardin au cœur du LouvreLe jardin du Carrousel
Entre la Pyramide et le jardin des Tuileries se déploie le jardin du Carrousel. Ses vertes pelouses et ses alignements de haies accueillent un véritable musée de sculptures à ciel ouvert.
Les 5 et 6 juin 1662 se déroule au Louvre l’une des plus somptueuses fêtes du règne de Louis XIV. Pour célébrer la naissance de son premier fils, le dauphin Louis, le jeune roi organise un carrousel, c’est-à-dire des joutes et spectacles équestres. Près de 1 300 cavaliers, dont Louis XIV en personne, participent à cet événement grandiose qui se déroule sur l’esplanade devant le palais des Tuileries (aujourd’hui disparu). La splendeur des costumes et la somptuosité de cette fête à laquelle ont assisté 10 à 15 000 spectateurs sont restées dans les mémoires, au point que le nom de Carrousel perdure encore jusqu’à ce jour.
Un jardin transformé en cour…
L’histoire du jardin du Carrousel est intimement liée au palais des Tuileries dont l'origine remonte au règne d’Henri IV. Ce dernier fait tracer un « jardin neuf » qui longe le côté est du palais, tandis qu’à l’ouest du bâtiment s’étendait déjà le jardin des Tuileries. En 1638, il est agrandi et aménagé en parterres de fleurs pour la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, qui réside dans le palais. Ce jardin est cependant rasé afin d'accueillir le fameux carrousel de 1662. Il devient ainsi pour plusieurs siècles la « cour du Carrousel » qui sert de cour d’honneur au palais des Tuileries.
… puis à nouveau en jardin
Après l’incendie du palais des Tuileries pendant la Commune en 1871, ses ruines demeurent longtemps en place. C’est seulement en 1883 qu’elles sont rasées. Désormais, l’esplanade de 6,2 hectares, limitée au nord et au sud par les deux longues ailes du Louvre, s’ouvre à l’ouest sur le jardin des Tuileries, sa Grande Allée et, au-delà, la perspective des Champs-Elysées.
Comment réaménager cet espace ? Le « nouveau jardin du Carrousel » conçu par l’architecte Edmond Guillaume à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1889 présente des parterres « à la française », en symétrie avec ceux du jardin des Tuileries. Des statues académiques qu’affectionne la troisième République envahissent l’espace… Mais en 1964-1965, elles cèdent la place à des sculptures en bronze d’Aristide Maillol (1861-1944). L’idée en revient à la fois à André Malraux, ministre des Affaires culturelles, et à Dina Vierny, dernier modèle du sculpteur, qui rêve d’un musée Maillol en plein air. L’architecte Olivier Lahalle simplifie alors le tracé du jardin.
Le Grand Louvre
Au début des années 1990, dans le cadre du projet du Grand Louvre qui voit la transformation de la cour Napoléon et la construction de la Pyramide, le jardin du Carrousel est entièrement repensé par le paysagiste belge Jacques Wirtz et son fils Peter. Les parterres fleuris sont remplacés par des alignements de haies d’ifs qui s’ouvrent en éventail à partir de l’arc du Carrousel sur le jardin des Tuileries. Un système de tertres et de labyrinthes fait oublier que ce jardin est aménagé sur une dalle, sous laquelle sont construits un centre commercial, des parkings et des espaces techniques. Les statues de Maillol sont redéployées : La Méditerranée, La Nuit, Les Trois Nymphes, La Rivière... soit vingt chefs-d’œuvre de la sculpture qui sont régulièrement entretenus par des restaurateurs.
Le saviez-vous ?
L’arc du Carrousel
Sous Napoléon Ier, une grille (aujourd’hui disparue) est élevée pour délimiter la cour du palais des Tuileries. En 1806 – 1808, c’est un arc de triomphe qui est construit, sur le modèle de l’arc de Septime Sévère à Rome. Ce monument à la gloire de l’empereur comporte trois arches, séparées par des colonnes de marbre rouge. Il est orné de nombreuses sculptures : des bas-reliefs qui représentent des batailles, ou encore des statues de soldats de la Grande Armée. Au sommet, deux figures féminines en plomb doré, la Victoire et la Paix, conduisent un char tiré par quatre chevaux. Depuis 1827, un quadrige réalisé par Bosio remplace l’œuvre initialement en place rendu à la basilique Saint-Marc de Venise en 1815
Côté cour, côté jardin
Si au théâtre, on parle de « côté cour » et de « côté jardin » pour désigner les deux côtés de la scène, c’est en référence au théâtre construit en 1659-1662 dans le palais des Tuileries, à proximité du pavillon de Marsan. Pour les spectateurs qui assistaient aux représentations, la gauche de la scène se trouvait donc « côté jardin » (des Tuileries) et la droite « côté cour » (du Carrousel). L’expression a été reprise pour tous les théâtres.