Exposition de deux tableaux spoliés, donnés par les ayants droit de Mathilde Javal, après leur restitution par l'Etat
5 juin 2024 – 6 janvier 2025
Exposition de deux tableaux spoliés, donnés par les ayants droit de Mathilde Javal, après leur restitution par l'Etat
5 juin 2024 – 6 janvier 2025
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Louvre présente dans les salles de peinture nordique deux natures mortes de Floris van Schooten et de Peter Binoit peintes au 17e siècle. Ces œuvres, qui avaient été saisies à Paris par les nazis en 1944, n’avaient pas pu être restituées à leur retour d’Allemagne, faute d’en connaître les légitimes propriétaires.Une enquête récente a permis aux chercheurs des Archives Nationales de France, du ministère de la Culture et de la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations d’identifier la famille juive dépossédée.
Entre juillet 1940 et août 1944, l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) mène en France le pillage du patrimoine artistique, principalement celui des familles juives. Le 19 janvier 1944, ce service saisit quatre tableaux dans l’hôtel particulier de la famille Javal, au 5, boulevard de la Tour-Maubourg. Le dossier dans lequel sont consignées les saisies comporte deux erreurs : le nom Javal est transformé en « Juralides », et l’adresse en 5, rue Maubourg. Les œuvres transitent ensuite par le Jeu de Paume, avant d’être transférées au château de Nikolsburg, en Moravie occupée. En 1945 elles sont enregistrées au Central Collecting Point de Munich, avant d’être rapatriées en France le 30 octobre 1946. Les quatre tableaux vont être séparés dans le processus complexe de restitutions de milliers d’œuvres d’art.
Le 28 novembre 1945, Mathilde Javal, dernière occupante de l’hôtel particulier pillé, réclame les biens de sa famille auprès de la Commission de récupération artistique, mais apparemment sans en fournir la liste exhaustive. Après le décès de Mathilde, survenu en 1947, L’Agriculteur travaillant dans le verger de Léonard Jarraud est restitué à la demande de la famille. Faute d’autre requête, les deux natures mortes sont confiées à la garde du Louvre en 1951, sous le statut de MNR (Musées nationaux récupération). Quant à la Vue d’un port de Willem Van de Velde, son parcours demeure inconnu.
La compréhension de la provenance de ces deux MNR butait sur le nom de famille inconnu « Juralides » et l’adresse inexistante du « 5, rue Maubourg ». Un récent réexamen des archives a permis de comprendre les erreurs de transcriptions de l’ERR. L’Etat a ainsi pu restituer les deux peintures aux descendants des deux sœurs de Mathilde Javal, identifiés grâce à Généalogistes de France : la famille d’Alice, épouse Weiller, et celle de Jeanne, épouse Weiss.
Les quarante-huit ayants droit ont choisi de faire don des deux tableaux au musée du Louvre en mémoire des cinq personnes de leur famille assassinées à Auschwitz, afin de « transformer le traumatisme en support mémoriel pour les générations futures ».