
Mamlouks
30 avril – 28 juillet 2025
Un tapis de prestige Tapis à trois médaillons
Egypte, Le Caire, début du XVIe siècle
Laine nouée, 474 x 265 cm
Abu Dhabi, Louvre Abu Dhabi, LAD 2018.011
L’Egypte constitue depuis l’Antiquité un centre important pour le tissage de la laine, du lin ou du coton. La période mamlouke s’inscrit dans cette tradition, qui offre une grande diversité de textiles provenant de contextes variés. Si nombre de pièces parmi les plus remarquables ont été conservées dans les trésors de l’Occident latin, d’autres ont été mises au jour lors de fouilles archéologiques, essentiellement dans des sépultures. La variété de matériaux, de techniques de teintures ou encore de motifs décoratifs témoigne d’une production abondante et diversifiée.

La production égyptienne de tapis, en revanche, n’est documentée que de façon fragmentaire avant la fin du XVe siècle, quand soudainement, à partir des années 1480, des tapis confectionnés dans des ateliers du Caire semblent appréciés du Levant à l’Espagne, en passant par l’Italie. Les archives vaticanes recèlent ainsi des documents qui attestent de cadeaux diplomatiques et de commandes papales, quand un bel exemple de cette production provient du Généralife de l’Alhambra de Grenade.

Si la raison de cet essor demeure inexpliquée, on constate une certaine unité dans la production. Elle se caractérise par une gamme chromatique relativement restreinte, avec du jaune, le plus souvent employé pour le fil de trame, du rouge, du bleu clair et du vert. Quant au décor, il présente une stricte ordonnance géométrique, enrichie de motifs végétaux et d’étoiles, la composition étant bordée de frises de médaillons ou d’arabesques florales. Leurs impressionnantes dimensions les désignent comme des objets de prestige destinés à une élite, ce que corroborent les sources documentaires.

Le tapis aux trois médaillons constitue un remarquable exemple de ces luxueuses créations. Réalisé durant le règne du sultan Qaytbay (r. 1468 – 1496), il présente une grande qualité d’exécution, caractérisée par un nombre de nœuds très important. La composition en diagramme et le réseau dense de géométrie étoilée qui occupent le champ central, ainsi que la vivacité du coloris, lui confèrent une grande puissance visuelle. Il est identifié pour la première fois sur une photographie de la fin du XIXe siècle, à la galerie Bardini de Florence. Son acquisition en Italie semble indiquer qu’il y soit arrivé à l’époque où les tapis mamlouks y étaient particulièrement recherchés.
