The Met au Louvre
29 février 2024 – 28 septembre 2025
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Tête de haut personnage au turbanAlliage cuivreux. Fin de l’époque d’Akkad ou début de l’époque néo-sumérienne, vers 2190 - 2100 avant J.-C. Irak (ancienne Mésopotamie) ? H : 34,4 cm ; l : 21,3 cm ; ép : 23,3 cm. The Metropolitan Museum of Art, Department of Ancient Near Eastern Art; Rogers Fund 1947, inv. 47.100.80. Vers 1918, R. D. Messayeh, New York ; 1919-1947, Joseph Brummer, New York ; achat, Joseph Brummer Estate, New York, 1947
Cette tête grandeur nature est un objet exceptionnel à plus d’un titre. Rares sont en effet les statues en métal de cette taille qui nous sont parvenues, trop souvent fondues en temps de crise. La grande qualité de l’exécution, d’autre part, la signale comme un objet d’élite, le modèle en étant très certainement un dirigeant. Elle peut ainsi être rapprochée de la tête en bronze découverte à Ninive, qui représente un souverain d’Akkad. La technique de fabrication, la fonte à la cire perdue, est similaire. La tête du Metropolitan Museum of Art a, en outre, conservé des traces du noyau en terre sur lequel elle était maintenue par des rivets métalliques. Il s’agit d’un des premiers exemples de moulage à la cire perdue à noyau creux documenté.
Un fragment de statue conservé au Louvre présente une coiffure comparable à celle de la tête du Met, des cheveux tressés retenus par des bandelettes plates croisées. Cette proximité permet de situer la production de l’œuvre de New York en Mésopotamie et de la dater de la période Guti, phase de transition entre l’époque d’Akkad et la renaissance néo-sumérienne. Le soin apporté au détail dans le traitement de la barbe bouclée et la moustache soigneusement peignée, le rendu du tissu de la coiffure, conjugués à des caractéristiques morphologiques comme la forme du nez ou des oreilles, en font non seulement une œuvre d’un grand réalisme mais encore plus probablement un portrait. Les yeux largement ourlés étaient vraisemblablement incrustés de matériaux contrastants, très souvent de la coquille ou de l’albâtre associés à du lapis-lazuli pour l’iris.
Cette tête s’inscrit, en effet, dans la tradition bien établie, de statues représentant des détenteurs de l’autorité, qu’elle soit politique ou religieuse. Ces effigies, qui étaient déposées dans les temples devant la statue de la divinité, figuraient le dédicataire en prière. Elles prolongeaient ainsi symboliquement la dévotion du fidèle devant son dieu. Les représentations du souverain néo-sumérien de Lagash Gudéa et de son fils Ur-Ningirsu appartiennent à cette typologie, en regard desquelles le beau portrait de New York est présenté.
Statue du prince Ur-Ningirsu II. Epoque néo-sumérienne vers 2210-2105 av. J.-C. Irak, Tello (Mésopotamie, ancienne Girsu) Musée du Louvre, département des Antiquités orientales (corps). The Metropolitan Museum of Art Rogers Fund, 1947 (tête)
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