Tout comme le fait de mesurer des monuments sacrés, le prélèvement de terre sur le sol où ces monuments se dressaient – et même de la poussière qui les recouvrait – est une pratique courante des pèlerins dans de nombreuses traditions. Rendant le lieu portable, les petits comprimés faits à partir d’argile ou de poussière de lieux saints comme Jérusalem, La Mecque ou Médine, ont longtemps été recueillis par des pèlerins, souvent estampillés avec des textes ou des images. Comme les comprimés de médicaments de l’Antiquité avec lesquels ils ont un lien, ils pouvaient être grattés ou réduits en poudre, dissous dans de l’eau et consommés pour leurs pouvoirs curatifs. Produits en masse et en série, ces objets humbles se rattachent à des rites de pèlerinage et à des traditions de guérison et de protection anciennes qui fonctionnaient par des pratiques d’incorporation au sens propre, c’est-à-dire par ingestion dans le corps.