À partir de Florence, une variété de styles s’épanouit alors de Venise jusqu’à Rome. La représentation de la figure humaine dans la diversité de ses mouvements prend alors des formes extrêmement novatrices. Ces recherches sur l’expression et les sentiments sont au cœur des démarches des plus grands sculpteurs de la période, depuis Donatello jusqu’à l’un des créateurs les plus célèbres de l’histoire, Michel-Ange. L’exposition propose également d’aller à la découverte d’artistes moins réputés, d’admirer des œuvres difficilement accessibles de par leur lieu de conservation (églises, petites communes, situation d’exposition dans les musées), afin de les remettre en lumière, mais aussi en contexte.
« Le Corps et l’Âme » fait suite à l’exposition « Le Printemps de la Renaissance » présentée en 2013 au Louvre et au Palazzo Strozzi et consacrée aux prémices de l’art de la Renaissance à Florence dans la première moitié du Quattrocento.
Trois parties majeures structurent l’exposition :
Dans La fureur et la grâce, les compositions complexes s’attachent à traduire la force et l’exaspération des mouvements du corps, inspirées des modèles antiques, qu’on reconnait dans les œuvres d’Antonio del Pollaiolo, Francesco di Giorgio Martini ou Bertoldo, mettant en jeu autant la force et les torsions du corps masculin que l’effet expressif des plus intenses passions de l’âme. A contrario, des drapés élégants, entourant des corps majoritairement féminins, permettent aux artistes de révéler le charme de la figure humaine, qui débouche sur la représentation ultime de la grâce à travers le nu.
Emouvoir et convaincre souligne une volonté affirmée de toucher violemment, dans les représentations sacrées, l’âme du spectateur. À la suite du travail de Donatello autour de 1450, l’émotion et les mouvements de l’âme prennent une place déterminante au cœur des pratiques artistiques. Un véritable théâtre des sentiments se déploie en Italie du nord entre 1450 et 1520, en particulier dans les groupes de Déposition du Christ, tels ceux de Guido Mazzoni ou de Giovanni Angelo del Maino. Cette recherche du pathos religieux s’incarne également dans les émouvantes figures de Marie-Madeleine ou de Saint Jérôme qui fleurissent en Italie à cette période.
Enfin, avec De Dionysos à Apollon, la réflexion inépuisable sur l’Antiquité classique s’exprime dans les œuvres élaborées à partir des modèles classiques comme le Tireur d’épine ou le Laocoon. Parallèlement au domaine de la peinture (avec le « style doux » du Pérugin ou du jeune Raphaël), la sculpture développe la recherche d’une nouvelle harmonie qui transcende le naturalisme des gestes et des sentiments extrêmes. Particulièrement vivante dans un classicisme affirmé en Vénétie et en Lombardie, cette quête d’une beauté expressive qui aspire à l’universel s’incarne également fortement en Toscane et à Rome où la Papauté de Jules II et de Léon X joue un rôle d’irrigation et d’unification stylistique.