Le Goût de l’Orient : Georges Marteau collectionneur
Arts de l’IslamExposition d'actualité
Le 16 septembre 2019
Du 30 octobre 2019 au 3 février 2020, l’exposition revient sur l’itinéraire singulier de cet amateur éclairé et plus particulièrement sur sa collection d’art du livre persan, dont le département des arts de l’Islam est aujourd’hui l’un des dépositaires.
Le legs fait aux musées nationaux par l’ingénieur et héritier de la firme Grimaud Georges Marteau (1851-1916) se situe à la croisée de trois univers : les cartes à jouer, le japonisme et l’art du livre persan. Ce sont aussi trois pans de collection aujourd’hui dispersés entre différentes institutions. Liés à l’itinéraire singulier de leur propriétaire et traduisant l’esprit d’une époque qui s’enthousiasme pour les arts de l’Orient, ils seront réunis le temps de l’exposition au travers d’une sélection d’oeuvres du musée du Louvre, de la Bibliothèque nationale, du musée Guimet et du musée des Arts décoratifs.
En 1916, le musée du Louvre et la Bibliothèque nationale recevaient, sous forme d’un legs, la collection réunie durant sa vie par l’ingénieur Georges marteau (1851-1916), collectionneur singulier et méconnu. Cet ensemble comprenait : des cartes à jouer, des œuvres d’art du Japon, des spécimens d’art du livre indo-persan, des métaux du Moyen-Orient et des textiles coptes.
En 1917, le légataire universel de Georges Marteau, le commandant Ferdinand Seiler, donnait également au musée des arts décoratifs, l’ensemble des pièces textiles de l’Extrême-Orient et du monde islamique, ainsi que les pochoirs japonais, ayant appartenu à son défunt beau-frère.
L’exposition Le goût de l’Orient – Georges Marteau collectionneur revient sur l’itinéraire singulier de cet amateur éclairé et plus particulièrement sur sa collection d’art du livre persan, dont le département des arts de l’Islam est aujourd’hui l’un des dépositaires.
Diplômé en 1876 de l’Ecole centrale des arts et manufactures, Georges Marteau devient, en 1888, associé dans la firme cartière de son oncle Jean-Baptiste Grimaud (1897-1899). L’entreprise est alors florissante. À la mort de son oncle, en 1899, Marteau en devient co-directeur, et ce jusqu’en 1909, année où il se retire des affaires. Ses occupations professionnelles, doublées d’un intérêt personnel pour l’histoire du papier, le poussent à constituer une collection de référence autour de cartes à jouer.
Une autre passion va bientôt accaparer son âme de collectionneur, l’art japonais, qui fascine alors tant les milieux artistiques parisiens. Vite reconnue, sa collection d’art du Japon est sollicitée dans les expositions d’art japonais organisées à Paris avant la première guerre mondiale. Mais durant les dernières années de sa vie, Georges Marteau se tourne vers un art goûté par un cercle restreint d’amateur, l’art du livre « persan ». Ce terme sert à désigner des manuscrits et des albums (muraqqa‘) produits, à diverses époques, dans des pays comme l’Iran, l’Ouzbékistan ou l’Inde, alors que la langue persane, promue par les élites dirigeantes, y formait un socle culturel et littéraire commun, qui conditionna l’émergence d’une esthétique du livre particulière.
En moins d’une décennie, Marteau réunit un ensemble de grande qualité, qui devient pour lui un véritable objet d’étude. Guidé par une curiosité d’historien, il acquiert des pièces souvent signées, par des artistes sur lesquels on sait alors encore bien peu de choses. Il ne vécut pas assez longtemps pour assister aux avancées rapides des études historiques et à la résurrection progressive des calligraphes et des peintres représentés dans sa collection.
En Europe, l’engouement suscité pour l’art du livre du monde islamique et la tradition de l’accrochage des œuvres aux murs, conduisit à la dispersion définitive de certains volumes, leurs plus beaux feuillets étant alors mis sous verre et encadrés pour mieux être contemplés. Certaines pièces acquises parallèlement par Georges Marteau et le joailler Henri Vever et formant des paires, sont exceptionnellement réunies le temps de l’exposition grâce à des prêts de la Smithsonian Institution à Washington.
Crédit photo :
© Freer Gallery of Art and Arthur M