Michel Laclotte : un homme de musée
Le 14 avril 2022
C'est avec une grande émotion que le musée du Louvre rend hommage à Michel Laclotte, personnalité essentielle et marquante du paysage culturel.
Michel Laclotte : un homme de musée
Le 14 avril 2022
C'est avec une grande émotion que le musée du Louvre rend hommage à Michel Laclotte, personnalité essentielle et marquante du paysage culturel.
Homme de musées, Michel Laclotte a porté les grands projets qui façonnent toujours, aujourd’hui, le paysage muséal français, la création du musée d’Orsay, dédié à l’art de la seconde moitié du XIXe siècle, sous toutes ses facettes, dans une vision interdisciplinaire d’une grande modernité, la mise en œuvre et l’accomplissement du Grand Louvre, la fondation de l’Institut national d’histoire de l’art, associant musées et universités, recherche et diffusion, dont sont célébrés cette année les 20 ans. Ce visionnaire, restait modeste. Il disait volontiers de lui-même qu’il avait eu beaucoup de chance. Sans doute, l’époque était riche d’opportunités. Mais il a eu surtout le talent de les saisir et de les transformer, avec une intelligence qui alliait à la fois un grand esprit et un grand cœur, un sens aigu des projets et de sa mission de service public ainsi qu’une attention remarquable à tous et à chacun.
Cet homme capable de conduire les grandes institutions de son temps – il devint en décembre 1992 le premier Président-directeur de l’Etablissement public du musée du Louvre - était avant tout un historien d’art exceptionnel ; Michel Laclotte sut, malgré l’importance et les contraintes de ses charges, le demeurer.
« Une intelligence qui alliait à la fois un grand esprit et un grand cœur »
Né le 27 octobre 1929 à Saint Malo, il devint très tôt un grand spécialiste de la peinture italienne des XIVe et XVe siècles et des primitifs français. Il associait la sensibilité du goût à la rigueur de l’érudition ; ses travaux furent déterminants pour le développement de la connaissance dans ce domaine.
Les nombreuses expositions dont il fut le commissaire constituèrent des moments riches pour la pensée et la découverte. Qu’il soit permis d’en citer quelques-unes. Il présida ainsi à la première rétrospective De Giotto à Bellini en 1956, au musée de l’Orangerie qui fit date. L’audace et l’intelligence de l’exposition Polyptiques, au Louvre en 1990, associant art ancien et création contemporaine, ont influencé bien des projets ultérieurs, jusqu’à la célébration fin 2019 du centenaire du peintre Pierre Soulages, au sein du Salon Carré du Louvre. En 1993, au Grand Palais, Le Siècle de Titien fut sa dernière grande exposition comme président - directeur du Louvre. Ce fut un rassemblement éblouissant de chefs-d’œuvre, célébrant le sens de la lumière et de la couleur des maîtres vénitiens.
Dès 1955, l’inventaire et le rassemblement en un seul lieu de la collection Campana, acquise sous Napoléon III, lui avait été confié. Ce projet consistait à remplacer les tableaux de la collection envoyés dans les musées de région par des dépôts du Louvre, venant compléter leurs collections. Cela représentait trois cent cinquante tableaux. Suite à l’exposition De Giotto à Bellini en 1956, la décision fut prise de créer un nouveau musée où serait exposée la collection Campana. En 1976, ouvrait ainsi le musée du Petit Palais en Avignon doté d’une muséographie contemporaine résolument dépouillée, conforme à la vision architecturale de Michel Laclotte. La récente exposition Un rêve d’Italie. La collection du marquis Campana au Louvre permit de rappeler et de retracer ce beau projet. Bien que lié aux collections nationales et ayant fait toute sa carrière à Paris, Michel Laclotte demeura attentif au développement et aux rénovations des musées de région, fidèle à l’esprit collégial de l’inspection des Musées à laquelle il avait appartenu. Il fut ainsi, au fil des années, généreux de ses avis et de ses conseils pour celles et ceux, directeurs de musées comme jeunes conservateurs, qui le sollicitaient.
La célébration des trente ans de la pyramide du Louvre, en 2019, avait permis de le retrouver et de rappeler à celui qui ne le faisait pas volontiers lui-même l’importance essentielle de son rôle. Toujours souriant et chaleureux, Michel Laclotte était un homme déterminé. C’est ce qui lui permit d’être présent au cœur des échanges entre le président de la République, François Mitterrand, et l’architecte, mondialement célébré, Ieoh Ming Pei et d’accomplir, à la tête du musée du Louvre, le plus grand chantier de modernisation d’une institution muséale au 20 e siècle.
Présent sans outrances et sans exagérations mais avec fermeté et sagesse, apportant sa connaissance insigne du musée, de ses collections et de ses équipes. Cet homme discret était un meneur d’hommes. Sans brutalité ni autoritarisme. Il leur préférait le sens de l’écoute – sa porte était toujours ouverte, même aux plus jeunes et aux moins expérimentés -, et celui d’une distance bienveillante teintée d’humour qui lui permettait de trouver pour chaque difficulté sa solution et de ramener chacune et chacun à son juste rôle, pour le succès des projets, et la joie de celles et ceux venus le solliciter. Ces qualités qui le distinguaient le désignaient et le désignent toujours en modèle du dirigeant de musée, hier comme aujourd’hui. Sa disparition le 10 août dernier vient nous rappeler qu’il a su porter haut les valeurs et l’excellence du musée dans notre société. C’est avec une grande émotion que nous lui rendons hommage.
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Journée d'étude : Hommage à Michel Laclotte, vendredi 22 avril de 10h à 18h30.
Fruit d'un partenariat entre le musée du Louvre et l'INHA, cette journée d'étude vise à rappeler les accomplissements de Michel Laclotte et la manière dont ils ont, au cours des cinquante dernières années, irrigué les transformations des institutions muséales comme de l’enseignement et de la transmission de l’histoire de l’art. Cette journée sera accessible au sein de l’Auditorium Michel Laclotte et en direct sur Louvre+. Elle fera ensuite l’objet d’une publication.
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« Hôte du Louvre », l’artiste américaine Elizabeth Peyton, dont l’atelier s’installe au pavillon de Flore, vient d’achever une gravure à la chalcographie du Louvre. Inspirée de L’Homme au gant de Titien, son œuvre rejoint aujourd’hui les collections du département des arts graphiques.
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