"Un moment qui restera gravé dans nos mémoires"

JOP

Le 12 novembre 2024

La flamme des Jeux de Paris s’est définitivement éteinte il y a un mois. Retour, en compagnie de Mathilde Prost, conseillère chargée de l’action territoriale, sur une aventure exceptionnelle à laquelle le musée a pleinement participé.

Les JO de Paris, auxquels le Louvre a apporté un concours précieux, se sont refermés le mois dernier. Quel bilan tirez-vous de cet événement, qui a tenu le pays en haleine pendant plusieurs semaines ?

Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont suscité une extraordinaire émotion, à laquelle le Louvre fut loin d’être étranger. L’ensemble des équipes ont vécu pendant plusieurs mois au rythme de cette grande fête culturelle et sportive qui a mis le domaine national du Louvre et des Tuileries singulièrement à l’honneur, des salles du musée jusqu’aux jardins. Le passage du relais de la flamme, le dîner du président du CIO sous Pyramide, les épreuves sportives et, bien sûr, la présence de la vasque ont placé le Louvre au cœur de l’événement. Au-delà de la beauté des images et des créations artistiques qui ont fait le tour du monde, les cérémonies d’ouverture et de clôture auront également été l’occasion d’interroger le sens et la pertinence des messages portés par nos jardins, notre musée et nos collections. Cela n’aurait pas été possible sans l’engagement d’un très grand nombre d’agents, à travers toutes les directions et les départements, qui ressentent aujourd’hui encore une immense fierté devant cette réussite collective. 

Les Jeux ont été une incontestable réussite. Toutefois, n’ont-ils pas eu un impact négatif sur la fréquentation du musée ?

En 2012, lors des JO de Londres, les très nombreux visiteurs avaient déjà privilégié les compétitions aux expositions. Les institutions culturelles avaient connu une baisse de fréquentation de 25% en moyenne. Nous avions donc anticipé, pour les JO de Paris, un effet d’éviction similaire. Et sans surprise, nous avons enregistré une baisse de 22 % de notre fréquentation durant la quinzaine olympique. Ce qu’il faut souligner, en revanche, c’est que les musées londoniens avaient connu, dès l’automne suivant la compétition et pendant plusieurs années, un rebond significatif de leur fréquentation lié au regain d’attractivité touristique et culturelle entraîné par la compétition. Portés par la mise en valeur si éclatante de notre patrimoine au cours de ces Jeux, nous en empruntons aujourd’hui le chemin et les premiers chiffres de l’automne 2024 l’illustrent. 

illustration
La flamme olympique devant la Victoire de Samothrace

L’engagement du Louvre dans l’aventure olympique s’est manifesté dès le début du printemps, avec la mise en place de l’exposition sur l’invention de l’olympisme. Il était nécessaire que le musée accompagne “l’élan olympique’’ de façon précoce ?

Etant donné les liens historiques qui unissent le musée du Louvre et le mouvement olympique, la participation du musée à l’Olympiade Culturelle paraissait aussi évidente qu’indispensable. Nous avons cependant tenu à ce que celle-ci soit l’occasion de questionner ces liens, pour donner de la profondeur à cette programmation. L’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique » mettait précisément en lumière ce que la construction iconographique, symbolique et culturelle des Jeux au moment de leur refondation devait aux collections du musée – mais aussi aux biais, relectures et réinventions de leurs créateurs. Pour le Louvre, l’enjeu était aussi de montrer que le rapprochement de l’art et du sport n’avait rien de factice ni d’artificiel.

Cette XXIIIe olympiade n’a-t-elle pas aussi donné l’occasion au Louvre de s’adresser à un autre type de public ?

Se saisir du sport participait de l’une des ambitions fortes de la programmation scientifique et culturelle du Louvre qui consiste à toucher des publics nouveaux, plus divers, plus jeunes, qui n’ont pas nécessairement le musée pour horizon naturel. C’est la raison pour laquelle, au-delà de l’exposition, de nombreuses propositions, à l’image des visites sportives proposées par Mehdi Kerkouche ou du parcours « Paroles d’athlètes » dans les salles du musée, sont venues varier les registres d’expression, en profitant de la dynamique des Jeux.

illustration
Marie-Pierre Pietragalla porte la flamme olympique salle Mollien. A gauche, Le Radeau de la Méduse de Géricault

Pendant des mois, le domaine du Louvre a dû accueillir des équipes et des prestataires extérieurs venus en nombre sur le domaine. Quel impact cela a-t-il eu sur le quotidien du musée ?

Les Jeux Olympiques ont duré quinze jours, les Jeux Paralympiques à peine dix. Mais pour cela, il a fallu occuper le domaine du Louvre pendant presque six mois – la plus longue période d’occupation qu’il ait jamais connu ! Cela a nécessité une coordination très fine et une attention de tous les instants de la part des équipes. Tout s’est très bien déroulé, dans un esprit d’entraide et de collaboration. Au-delà des relations humaines qui se sont tissées, les occupants du site se sont montrés très respectueux du domaine et, au-delà de la période olympique elle-même, l’impact sur les visiteurs a été très limité.

Parmi toutes les actions qui ont été menées par le musée, ou dont il a été le théâtre, quelle est celle qui vous a le plus marquée ?

L’événement le plus marquant a sans conteste été la levée de la vasque le 26 juillet 2024. Nous en avions vu les esquisses préparatoires, et nous en avions beaucoup discuté en amont avec les équipes du COJO. Nous pensions donc savoir à quoi nous attendre mais je n’imaginais pas à quel point la découverte de cet objet fascinant, en lévitation au-dessus du jardin, serait aussi marquante. C’était un moment absolument onirique, qui restera gravé dans ma mémoire, et, j’ose le croire, dans notre mémoire à tous.

illustration
La vasque olympique au dessus du bassin des Tuileries

La manière dont les Jeux se sont déroulés vous inspire-t-elle de nouveaux projets - à dimension sportive ou autre – pour faire vivre le domaine du Louvre ?

Les Jeux ont montré, s’il en était besoin, à quel point le Louvre et ses équipes étaient capables d’accomplir de grandes choses. Mais cet événement, par son ampleur, restera exceptionnel. En revanche, cela nous donne envie de continuer à faire vivre les liens entre les mondes artistique et sportif, car ces deux univers ont encore beaucoup à se dire.

illustration
Course cycliste devant la Pyramide

 Partager cet article

Vous aimerez aussi

Antiquités égyptiennes : le Louvre retrouve d'anciens pensionnaires

Après dix ans d'absence, la salle du parvis du temple retrouve ses célèbres babouins de granit. Un retour que nous décrit Hélène Guichard, conservatrice générale, adjointe au directeur du département des Antiquités égyptiennes.

François Chaignaud dans la "folteresse" du Louvre

Depuis trois ans, dans le cadre d’une collaboration entre le Festival d’Automne et le Louvre, le musée invite un chorégraphe à concevoir un projet au sein de ses espaces. Cette année, François Chaignaud y présente Petites joueuses dans les vestiges de la partie médiévale. Ce spectacle, conçu comme une déambulation, introduit l’exposition « Figures du fou. Du Moyen Âge aux Romantiques » que les spectateurs peuvent visiter ensuite, passant de la scène à la salle. 

Auprès de L'Homme au gant : Elizabeth Peyton à la chalcographie du Louvre

 

 « Hôte du Louvre », l’artiste américaine Elizabeth Peyton, dont l’atelier s’installe au pavillon de Flore, vient d’achever une gravure à la chalcographie du Louvre. Inspirée de L’Homme au gant de Titien, son œuvre rejoint aujourd’hui les collections du département des arts graphiques.