À la mort d’Albrecht Altdorfer en 1538, l’inventaire de ses biens mentionne la présence, dans un petit cabinet attenant au malstübl (l’atelier de peinture), non seulement deux livres de modèles mais aussi deux coffres dans lesquels il conservait des gravures. Si les nombreuses références aux modèles italiens qu’Altdorfer dissémine, traduit, transforme et commente ici et là dans ses oeuvres attestent d’une réception qui ne se borne pas à citer un répertoire de forme, ces deux coffres associés à plusieurs répliques qu’il réalise à partir des nielles de Peregrino da Cesena et de l’oeuvre gravé de Marcantonio Raimondi laissent entrevoir l’hypothèse d’un peintre collectionneur d’estampes.
En replaçant ces différentes modalités de réception dans l’ambition collective de renaissance culturelle et artistique portée par les humanistes germaniques et Albrecht Dürer, la conférence s’attachera à analyser les schémas de composition inédits qu’Altdorfer a mis au point à partir des modèles italiens, en particulier les gravures religieuses de Mantegna.