Marianne Alphant, écrivaine agrégée de philosophie, ancienne journaliste à Libération, a dirigé les Revues parlées au Centre Pompidou de 1993 à 2010. Elle y a été commissaire de l’exposition Roland Barthes en 2002 et de l’exposition Samuel Beckett en 2007.
Le réel, disait le psychanalyste Jacques Lacan, c’est quand on se cogne. La chose, dirons-nous, c’est quand on la perd, qu’on la cherche, que son nom échappe. Ou à l’inverse, quand on la trouve, qu’on la tient, qu’on la soupèse : la voici sale, usée, n’importe on y tient.
D’où vient l’attachement aux choses ? Muettes, inertes, sans vie ni souffle, elles semblent d’un autre monde et c’est pourtant le nôtre : bricoles, breloques, gadgets, accessoires.
Cette fascinatio nugacitatis, cet enchantement de l’insignifiant, la Sagesse a beau jeu de la condamner. L’attachement qui persiste témoigne d’une toute-puissance des choses qu’il s’agit d’évoquer et de comprendre.
*En lien avec l'exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte. » du 12 octobre 2022 au 23 janvier 2023 (Hall Napoléon).