Après trois années de fermeture les salles consacrées aux Objets d’art du XIXe siècle sont à nouveau ouvertes à la visite. Rencontre avec Anne Dion, conservatrice générale, adjointe au directeur du département des Objets d’art.
Comment s’organise le parcours de visite à travers ces salles ? Les salles mettent en valeur l’évolution du mobilier, de l’orfèvrerie, de la porcelaine sous la Restauration (1815-1830), puis sous la monarchie de Juillet (1830-1848). Elles illustrent la diversité des inspirations puisées dans les différents styles des époques passées : le néoclassicisme, qui était encore très apprécié sous la Restauration, le néogothique inspiré par la redécouverte de l’art médiéval, et enfin le néo-Renaissance très en vogue sous la monarchie de Juillet. Ces inspirations historicistes entrainent la réapparition de techniques comme l’émail, les pierres dures serties dans des montures d’orfèvrerie, … et provoquent une grande diversification des styles.
Quelle est la spécificité de la collection d’objets d’art du XIXe siècle conservée au musée du Louvre ? C’est une collection relativement récente, constituée pour l’essentiel au cours des trente dernières années. Nous avons la volonté de former une collection de référence, par l’acquisition d’œuvres majeures, souvent issues de grandes commandes royales.
La première salle présente en effet le mobilier de la chambre du roi Louis XVIII au château des Tuileries. Elle se trouve dans la continuité de la salle du trône de Louis XVIII qui a récemment été reconstituée (lien vers l’article). Il s’agit de mettre en valeur les deux plus importantes commandes royales passées sous la Restauration. Parvenu au pouvoir, Louis XVIII fait modifier la chambre qui avait été occupée par Napoléon aux Tuileries. Il souhaite lui redonner l’importance symbolique que revêtait la chambre du roi sous l’Ancien Régime. Le lit de l’empereur est conservé, mais une nouvelle tenture en velours de soie est commandée à la manufacture lyonnaise Grand frères. Sa remarquable couleur bleue provient d’un nouveau procédé de teinture chimique mis au point par l’ingénieur Raymond. Les motifs et les nombreux symboles royaux marquent le retour au pouvoir des Bourbons. Ils ont été dessinés par Louis de La Hamayde de Saint-Ange, ornemaniste des grandes manufactures royales. À la mort de Louis XVIII en 1824, le nouveau roi Charles X ne souhaite pas utiliser le lit qui avait servi à l’exposition mortuaire de son frère. Il fait alors réaliser un nouveau lit en noyer sculpté et doré par l’ébéniste Pierre-Gaston Brion. Le mobilier n’est donc pas homogène, il reflète l’évolution de la chambre sous les différents souverains.
Parmi les récentes acquisitions qui sont exposées pour la première fois, lesquelles citeriez-vous ? La table réalisée par l’ébéniste Louis-François Puteaux pour le salon de famille aux Tuileries est caractéristique du goût nouveau qui se développe sous la Restauration pour les meubles en bois clair (orme, platane…), qui rompt avec l’emploi d’essences aux teintes foncées comme l’acajou, très utilisé dans le mobilier Empire. Elle témoigne également du retour de la marqueterie, quand auparavant l’essentiel des ornements était constitué d’appliques en bronze doré. Parmi les nombreuses autres nouvelles acquisitions se trouve une œuvre étonnante ornée de médaillons à l’effigie des membres de la dynastie des Bourbons, d’Henri IV au petit-fils et héritier de Charles X, le jeune duc de Bordeaux (futur comte de Chambord). Ce panneau, qui ressemble à première vue à un vitrail, est constitué de fausses pierres précieuses montées en vermeil. On peut aussi signaler un coffret néogothique présentant le portrait de la duchesse de Berry en porcelaine de Sèvres, qui pouvait servir de coffret à bijoux ou de boîte à couture.
De nombreuses œuvres présentées dans cette salle ont appartenu à la duchesse de Berry… Oui, Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, qui a épousé le duc de Berry, le second fils de Charles X, est la seule personnalité de la famille royale à véritablement jouer le rôle de mécène. Lors de l’Exposition des produits de l’industrie de 1819 (grande manifestation destinée à encourager les productions nationales qui préfigure les expositions universelles), elle achète une extraordinaire toilette en cristaux taillés et bronze doré qui avait obtenu la médaille d’or.
Après les salles consacrées à la Restauration, les salles suivantes mettent en valeur l’éclectisme et le foisonnement des créations sous la monarchie de Juillet. Au début du règne de Louis-Philippe (1830-1848) beaucoup d’expérimentations sont entreprises, notamment pour retrouver des techniques oubliées, comme le repoussé en orfèvrerie. Le goût pour l’art de la Renaissance entraîne un renouveau dans le mobilier avec la réapparition des meubles en bois sculpté en fort relief. La polychromie est aussi très prisée. La manufacture de Sèvres réalise de véritables prouesses techniques, comme le déjeuner chinois réticulé de la reine Marie-Amélie, composé d’une double paroi dont l’une est complètement ajourée. Il témoigne aussi du goût pour l’exotisme, souvent assez fantaisiste.
Quelles sont les nouveautés dans la présentation de ces collections ? La salle consacrée à Marie d’Orléans, fille de Louis-Philippe, princesse romantique par excellence, qui fut à la fois artiste et collectionneuse, a été repeinte en rouge afin de mieux évoquer l’atmosphère de son salon néogothique aux Tuileries. L’exposition de son mobilier, mais aussi de ses créations et de ses collections d’art, permet de recréer cette pièce connue notamment par un tableau, également accroché dans la salle. Nous avons d’ailleurs choisi de présenter davantage de tableaux afin de mieux mettre en contexte les objets d’art.
Quelles sont les nouvelles acquisitions concernant cette période ? Parmi toutes les acquisitions récentes se trouve un extraordinaire piano, ou plus exactement un pianino (petit piano) en style néo-Boulle, commandé par un membre de la famille Rothschild, au clavier en nacre et écaille de tortue. On pourrait aussi citer une somptueuse coupe en agate avec monture d’orfèvrerie, qui, comme la coupe des vendanges de François-Désiré Froment-Meurice, illustre le renouveau du goût pour les pierres dures montées.
« Hôte du Louvre », l’artiste américaine Elizabeth Peyton, dont l’atelier s’installe au pavillon de Flore, vient d’achever une gravure à la chalcographie du Louvre. Inspirée de L’Homme au gant de Titien, son œuvre rejoint aujourd’hui les collections du département des arts graphiques.
Depuis le 19 octobre, le Louvre organise une exposition dans le centre commercial Qwartz de Villeneuve-la-Garenne. Un projet ambitieux qui vient couronner trois années de collaboration culturelle avec la ville de Villeneuve-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine. Gautier Verbeke, directeur de la Médiation et du Développement des publics du musée, nous en détaille la programmation.
L’exposition Quand un nœud est dénoué, un dieu est libéré rend hommage à Barbara Chase-Riboud, sculptrice, poète et romancière ayant franchi de nombreuses frontières, tant géographiques qu’artistiques. À l’occasion d’une collaboration inédite entre huit prestigieux musées parisiens, dont le co-commissariat général est assuré par Donatien Grau, ses sculptures seront exposées dans le département des Antiquités égyptiennes et celui des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Si le titre de l’exposition et du recueil de 2014 évoque un dénouement, c’est donc aussi, au sens fort, une œuvre qui « fait lien », dans le Louvre et au dehors.