Premier peintre du roi Louis XV et directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture, François Boucher (1703-1770) mène une des plus brillantes carrières artistiques du siècle des Lumières. Sollicité tant par l’administration royale que par les cours étrangères, il fournit modèles et décors qui inspirent l’Europe entière. En 1765, alors qu’il est au sommet de sa renommée, une gravure équivoque divulgue au public la composition d’une de ses œuvres érotiques les plus audacieuses : une belle jeune femme brune, voluptueuse et dénudée, étendue sur un sofa d’inspiration turque. Les draperies abondent, comme pour désigner le processus de « dévoilement » en cours sur la toile. L’œuvre semble évoquer autant un imaginaire du harem que l’univers des romans licencieux.
L’Odalisque brune compte parmi ces peintures secrètes dont le 18e siècle libertin s’est montré friand. Peinte en 1745 pour un amateur discret, elle est le fruit de ce siècle curieux de tout et épris de liberté autant que de licence.
La conférence s’attache à décrypter le contexte de la création ainsi que les significations multiples de cette toile originale, séduisante et ambiguë qui témoigne du goût des masques et des fantasmes orientaux des hommes des Lumières.