Un olifant en ivoire exposé au musée du Louvre – Pavillon des Sessions – est le point d'attaches historiques, stylistiques et iconographiques entre l'Europe et l'Afrique. La rencontre de l'art de la Renaissance et des ivoiriers africains a abouti à des créations étonnantes et uniques. Dès 1460, les navigateurs portugais parviennent sur les côtes de l'Afrique subsaharienne. Quelques années plus tard, les ivoiriers de Sierra Leone, du Royaume du Bénin et du Royaume du Congo exécutent pour les aristocrates européens un grand nombre d’objets – salières, cuillères et fourchettes, olifants, pyxides – identifiés sous le terme générique d’ivoires afro-portugais. Si ces œuvres, tel l'olifant conservé au Louvre, attestent d'une influence stylistique européenne, elles sont également marquées par les sculptures créées et utilisées par les Africains de ces régions de contact.
Cette trompe en ivoire est aussi dépositaire d'une histoire des collections. Les œuvres luxueuses et exotiques sont, à partir du XVIIe siècle, regroupées dans les cabinets de curiosités avec d’autres objets provenant de contrées lointaines. Longtemps oubliées et méconnues, au moment de la création de l'institution muséale, ces remarquables pièces témoignent de relations entre les mondes, les artistes et leurs commanditaires.