Le musée du Louvre en héritant en 2001 d’une gypsothèque unique au monde, riche de plus de 5000 plâtres de modèles d’Antiques, historiques, s’engageait dans la voie d’une réhabilitation exigeante. Un grand nombre de pièces présentait un état structurel préoccupant ; c’était le cas du tirage en plâtre du Gaulois mourant, œuvre emblématique des collections des musées capitolins, qui rayonna à travers l’Europe. Il bénéficia des premiers travaux de restauration.
Ce modèle fut introduit dans les collections royales françaises au 17e siècle. Il est inscrit dès les toutes premières pages de l’Inventaire général des collections royales en 1692, et demeura toujours présent par la suite dans les collections françaises et les Académies des beaux-arts. En effet, à partir du 17e siècle, en France, puis en Europe, les valeurs éthiques, morales et politiques, prônées dans l’Empire romain allaient constituer l’idéal à atteindre. Pour servir ce dessein, alors que Rome commençait à exhumer son lointain passé et à rendre ainsi visible un répertoire sculpté vite devenu célèbre, les grandes statues antiques, comme le Gaulois mourant, allaient être très convoitées et convoquées dans l’art.
Un des moyens les plus sûrs et les moins onéreux alors pour rejoindre fidèlement l’original se présenta sous la forme de statues de plâtre moulées qui constituèrent les premières appropriations de l’Antique et les premiers « recueils » de modèles à imiter. Mais comment être assurés que nous puissions être héritiers d’œuvres aussi anciennes ? Car reconnaître un modèle n’est pas déterminant : le moulage permet en effet de le décliner à l’envi, le plâtre peut être réparé à différentes reprises, déplacé, surmoulé, et n’est en principe jamais daté ou signé.
Les impressionnantes fractures et lourdes séquelles du Gaulois livrèrent pourtant le portrait d’un « vieux plâstre », et la clef de datation tant attendue qui permirent d’éclairer des pans entiers de cette collection de la gypsothèque en redonnant plein sens à ces Apôtres du bon goût comme aimait à le dire Diderot, à ces humbles passeurs de relais.
La gypsothèque est abritée dans les Galeries de Mansart de la Petite Écurie du Roi à Versailles. Elle est visitable sur rendez-vous auprès de l’Office de Tourisme de Versailles.