Bernard Palissy (Agen, 1510 - Paris, 1590), céramiste de génie au service de la cour, obtient en 1563 le titre d’« inventeur des rustiques figulines du roi ». Il travaille à partir de 1565 pour la grotte du Jardin des Tuileries commandée par Catherine de Médicis. Conservés au Louvre et au musée de la Renaissance d’Écouen, des milliers de fragments témoignent de l’inventivité et de la démesure de cette entreprise restée inachevée.
« Inventeur des rustiques figulines du roi», Bernard Palissy crée un œuvre céramique grouillant de reptiles, batraciens et coquillages. Il met en scène un monde animal, végétal et minéral stupéfiant de vérité grâce à l’utilisation de la technique du moulage sur le vif et à la finesse des glaçures colorées transparentes, opaques ou translucides. Pour le céramiste, cette volonté d’imitation de la nature obéit à une philosophie – « la science se manifeste à ceux qui la cherchent » (Discours admirables) –, c’est-à-dire au principe d’expérimentation incessante des pâtes, des glaçures, des cuissons… qui lui permet d’atteindre un niveau de qualité que ses successeurs n’égaleront pas. Par sa démarche empirique et sa volonté de saisir la nature dans sa variété infinie d’éléments, le céramiste s’inscrit pleinement dans l’esprit maniériste de la fin de la Renaissance européenne. Outre son travail artistique, il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Architecture et Ordonnance de la grotte rustique de Monseigneur le Duc de Montmorency (1563), Recepte véritable par laquelle tous les hommes de France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs thrésors (1563) et Discours admirables (1580). Depuis les années 1990, on assiste à un renouveau de l’intérêt pour Bernard Palissy et les productions qui lui sont associées. Des laboratoires se sont impliqués dans l’analyse de ses œuvres et la recherche de ses techniques de fabrication. Cette conférence – fruit d’une collaboration entre les musées du Louvre, d’Écouen et le C2RMF – marque le point de départ d’un projet de recherche pluridisciplinaire et international sur les fragments de l’atelier des Tuileries et sur les productions de ses continuateurs.