Des baigneurs

Mon Louvre par Antoine Compagnon

Des baigneurs

Cette Baignade de Nicolas Maes, ou attribuée à Nicolas Maes, peintre hollandais du XVIIe siècle, n’est pas l’une des pièces maîtresses du Louvre (Richelieu, salle 845). Elle m’arrête ce matin parce que j’ai lu hier un petit livre sur la nage, L’Étreinte de l’eau, de mon amie immortelle Chantal Thomas. Voilà bien les hasards, ou les associations d’idées, qui guident une promenade au musée. Chantal Thomas, grande nageuse devant l’éternel, rappelle que la nage se pratiquait traditionnellement nu, jusqu’à l’apparition des loisirs, des bains de mer, de la culture de plage, à la fin du XIXe siècle. C’est pourquoi son exercice était réservé aux hommes. Le tableau de Maes représente une bande de garçonnets réunis autour d’une barque amarrée non loin du rivage. Ils se jettent à l’eau, plongent, remontent. Ils ne savent pas nager mais s’amusent, se rafraîchissent un soir d’été. Au loin, une voile. Les baigneurs, c’est un genre en peinture, de La Bataille de Cascina de Michel-Ange au Swimming Hole de Thomas Eakins, du vénérable Jeune homme nu assis au bord de la mer d’Hippolyte Flandrin (Sully, salle 940) à la Swimming Pool de David Hockney, mais, quittant Nicolas Maes, mes pas me conduisent au Moïse sauvé des eaux de Poussin, où le serviteur a plongé dans le fleuve pour ramener l’enfant dans son panier (Richelieu, salle 825).